Colloque international “Les sauvages des Lumières”

La question de l’universalité de l’héritage des Lumières se pose de façon insistante dans nombre de débats contemporains, qu’ils portent sur la tolérance, notamment religieuse, sur la démocratie, sur l’émancipation, sur les droits des minorités, sur l’égalité entre les peuples ou sur l’écologie. Si l’autonomie par la raison est ce qui définit les Lumières – selon l’hypothèse de Kant –, faut-il en déduire que la pensée européenne du XVIIIe siècle a vocation à servir de boussole à toute l’humanité ? Ou l’universalité rationnelle dont les Lumières seraient le moment paradigmatique est-elle le masque d’une expression particulière voire réductrice de la pensée, européo-centrée et réduisant la rationalité à un instrument de domination politique et technique ? On néglige souvent le fait que les Lumières ont ébauché ce que Mark Hulliung nomme une “autocritique” (The Autocritique of Enlightenment, 1994). Celle-ci s’illustre de façon exemplaire dans la façon dont la figure du “sauvage” a servi à penser l’identité de l’Occident vis-à-vis de son autre. Les références à ce que l’on sait (ou croit savoir) “du sauvage” ou “des sauvages” sont mobilisées au XVIIIe siècle de façon récurrente pour penser la formation de la société, le pouvoir, la morale, la religion, le droit, la guerre, le langage et les notions de progrès et de civilisation : on “cherche la société de la nature pour y méditer la nature de la société” (Lévi-Strauss, J.-J. Rousseau, fondateur des sciences de l’homme, 1962)

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